A Fribourg avec Klaus Gülker et Pierre Bonte

En rangeant des photos, je suis tombée sur celle-ci, prise à en Allemagne.

C’était le 24 juin 2002. Ce soir-là eut lieu la soirée de remises des « Marianne » par l’amicale Saveurs de France-Saveurs d’Europe dans le Konzerthaus de Freiburg. C’est Jacques-Louis Delpal qui m’avait demandé d’animer la soirée. Quel homme, ce Jacques-Louis ! Journaliste, écrivain et et photographe, il est l’auteur d’une cinquantaine d’essais, guides culturels, « Beaux livres » et livres pratiques concernant Paris et la France, tout comme l’univers de la vigne et du vin.

Le 24 juin 2002, lors de la remise transfrontalière de « Marianne » à Fribourg, avec à mes côtés Klaus Gülker du SWR 4 et Pierre Bonte, journaliste rendu populaire par son émission « Bonjour Monsieur le Maire » et l’émission télé dominicale de Jacques Martin, « Le petit rapporteur » © Archives Saveurs de France-Saveurs d’Europe

Il est passionné par l’Alsace mais connait toute la France comme sa poche car il est aussi l’initiateur, l’auteur et le photographe de la série des Guides Delpal.

C’est lui qui eut l’idée de remettre des diplômes nommés « Marianne » dans le cadre de l’association Saveurs de France-Saveurs d’Europe qu’il a initiée et fondée en 1995 avec des cuisiniers restaurateurs, des professionnels des métiers de bouche, des chroniqueurs gastronomiques, avec les restaurateurs œnophiles Léon (le père), Freddy et Robert Vifian ; les vice-présidents sont Dominique Lemelle, charcutier à Troyes (dont le père, Gilbert, fut l’un des premiers lauréats), Gérard Goetz, cuisinier et hôtelier alsacien (Julien, à Fouday), qui organisa plusieurs manifestations importantes, à Paris et en Alsace, et Pierre Bonte.

Un trophée Marianne, une assiette signée Alain Vavro, designer culinaire star, graphiste de la vaisselle de Bocuse et directeur artistique chez Villeroy & Boch © S. Morgenthaler

Les « Marianne » étaient distribuées à des professionnels de l’univers de la table, principalement en France, mais aussi dans des pays proches. Cette année-là, en 2002, ce fut la première manifestation hors frontières qui se déroula à Fribourg en Forêt-Noire. Pour la première fois, Saveurs de France passait le Rhin pour récompenser des personnalités allemandes œuvrant dans le domaine de la gastronomie et de l’hostellerie.

Klaus Gülker animait la soirée à mes côtés.

Cette photo montre Jacques-Louis Delpal 15 ans plus tard, le 24 avril 2017, lorsque Roland Ries, maire de Strasbourg, lui remit la médaille de la ville. A ses côtés, Thérèse Willer, directrice du Musée Tomi Ungerer-Centre international de l’Illustration à Strasbourg, qui avait fait la laudatio du fraîchement médaillé © S. Morgenthaler

Pierre Bonte (à droite sur la photo) monta sur scène pour faire résonner son timbre de voix reconnaissable entre tous. Le journaliste, créateur de « Bonjour Monsieur le Maire » sur Europe 1 et qui faisait découvrir la France profonde dans « Le petit rapporteur » de Jacques Martin est aussi le vice -président de l’ association « Saveurs de France ».

Il s’ensuivit un repas remarquable réalisé par 18 étoilés d’Allemagne.

Emile Jung et Marc Haeberlin, convives de la soirée, reconnurent la maîtrise remarquable qui avait ce soir-là porté les chefs et les organisateurs de la soirée.

Avec Klaus Gülker nous avons animé la soirée en deux langues. Nous nous connaissions depuis des années par le biais de la radio. J’enregistrais chaque jeudi, pendant une dizaine d’années, un duplex entre France Bleu Elsass et la radio SWR4 pour donner envie aux auditeurs de passer la frontière. C’était souvent Klaus qui me donnait la réplique.

Klaus était en ce temps-là le directeur de la rédaction de la radio SWR 4 à Fribourg-en-Brisgau. Aujourd’hui à la retraite, ce fan de la Bretagne et de nature peut s’adonner à la marche dans les Vosges ou en Forêt Noire. Aujourd’hui comme avant, il cultive la transfrontalité. Il était parfaitement à l’aise pour cette soirée de remise de « Marianne » en Allemagne.

Jacques-Louis Delpal s’était interrogé sur la dénomination « Marianne » lors de l’organisation. N’était-elle pas trop française, cette Marianne ?

Les étoilés Michelin allemands tranchèrent : ils étaient fiers de recevoir une « Marianne ». Pas question de changer pour un terme plus international, même lorsqu’il s’agit de récompenser le meilleur kirsch du Schwarzwald ou les meilleurs vins du Kaiserstuhl.

L’amicale Saveurs de France-Saveurs d’Europe s’est mise en sommeil au lendemain de ses vingt ans après avoir livré de belles prestations. La belle peut se reposer sur ses lauriers. Elle en a la légitimité. A moins qu’un prince vienne la sortir de son sommeil et lui donne l’élan de créer à nouveau des évènements qui réunissent saveurs et humanité.

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