Le samedi 10 octobre 2015, Freddy Sarg fêtait la sortie de son nouveau livre « Portraits et rencontres en Alsace » (Le Verger Editeur) dans la salle paroissiale de Wolfisheim. Avec son épouse Béatrice et sa fille Sarah, il accueillait la vingtaine de personnes dont il brosse le portrait dans le livre.
Parmi elles, Yolande Haag, de la brasserie Météor à Hochefelden, femme de communication, qui développe de nombreuses passions donc celle de l’écriture , de la gastronomie, de la décoration et de l’art de recevoir. Yolande me narra sa joie de la parution prochaine du livre dans lequel elle se fait magicienne des saisons. Elle me dit sa joie d’avoir travaillé durant deux ans avec la photographe Aude Boissaye pour réaliser ce beau livre intitulé « Le bonheur de recevoir au fil des saisons » (Éditions du Belvédère) dont le lancement était programmé à la librairie Kléber le mercredi 28 octobre . Elle me dit surtout sa joie d’avoir pu montrer le premier exemplaire du livre à son papa auquel elle venait de rendre visite à l’hôpital. Le père complimenta sa fille pour le bel ouvrage.
Ce soir, 22 octobre 2015, en apprenant la mort de Louis Jung, je fus heureuse que ce partage ait pu avoir lieu, que ce père ait pu exprimer la fierté et sa joie à sa fille avant qu’il ne quitte ce monde après une vie d’homme et de personnalité politique si riche de 98 années. L’homme qui fut président de l’Assemblée parlementaire du conseil de l’Europe de 1986 à 1989, avait notamment reçu le pape Jean-Paul II. Il fut aussi à initiative courageuse d’inviter Mikhaïl Gorbatchev qui devint ainsi le premier chef d’état du bloc de l’Est à s’exprimer au Conseil de l’Europe.
J’ai rencontré le sénateur Louis Jung dans les années 90 lors du tournage du documentaire « Laendeltreppler en Alsace Bossue ». Car Louis Jung était un enfant de cette région qu’il portait au cœur. Maire de Harskirchen, il m’emmena à Altwiller dans le village où il fut instituteur dans les années 30 avant de démarrer sa fabuleuse carrière politique qui lui fit se présenter à 22 élections politiques et n’en perdre aucune. Louis Jung avait la passion des arbres fruitiers et c’est le thème de la nature qui composait nos plus longues discussions. Il avait créé l’usine de jus de fruit Réa à Drulingen et était intarissable sur les variétés de pommes, sur la taille et l’entretien des fruitiers.
Lorsque Yolande Haag fut nommée chevalier dans l’Ordre National du Mérite en avril 1999, elle me demanda d’être sa « marraine » aux côtés de son parrain, le sénateur Hubert Haenel, lié à Louis Jung par de longues années d’amitié. Ce soir-là, Yolande, dotée d’un sens exceptionnel dans l’art de recevoir, nous avait préparé un repas somptueux dans sa maison. J’eus la joie de passer la soirée à côté de son papa. Nous parlâmes encore une fois de pommes, de ces variétés anciennes que l’on ne trouve plus dans les commerces et qui poussent encore dans nos vergers. Nous les énumérions : Laderäepfel, pommes-cuir, Arbeeeäpfel, pommes-fraise, Schmalzäpfel, pommes-saindoux, Schofnase, pommes au mufle de mouton et bien d’autres. La photo jointe à ce texte date de ce soir-là. C’était le 15 avril 1999.
Je prends part ce à l’immense chagrin de Yolande, de sa sœur, de son mari Michel, de ses enfants, petits-enfants et tous ceux qui ont aimé Louis Jung. Et j’ai envie de lui dire cet extrait du poème de Sylvie Reff « Quand les pères partent ».
Quand les pères sont partis
dans tous les vents du monde, on entend leur
voix qui nous dit d’aller nous aussi à présent,
de retourner dans le courage du jour
de ramasser ce qu’ils nous ont laissé.
Et lorsqu’on prend ce qu’ils nous ont laissé
on voit qu’ils nous ont donné l’ardeur d’aimer
la divine folie de croire, la grâce de vivre
la force de poursuivre, et leur voix toujours vive
qui souffle dans les vents du monde :
C’est à nous maintenant de devenir.