Études de journalisme avant la Sorbonne

L’envie de devenir journaliste me vint jeune.

« Tu avais huit ans lorsque tu affirmais que tu ferais ce métier-là », m’a dit en 2013 Charles Guth, un ébéniste qui fut copain avec mon père. Papa était effrayé à cette idée, imaginant que je serai livrée aux harpies et vouée aux gémonies (en pensant ainsi il n’avait pas tout à fait tort).

Après le bac, je me suis présentée en 1971 au concours d’entrée au Centre universitaire d’enseignement du journalisme (CUEJ) et je fus admise. J’allais découvrir Strasbourg, une vie nouvelle conforme à mon exaltation, mon envie de découvrir le monde, rendue effervescente à l’écoute des émissions radios sur Europe 1, notamment « Campus » de Michel Lancelot. Mon approche de l’école de journalisme fut facilitée par Jean Klayelé, le curé de mon village, une figure pittoresque, innovante qui me fit découvrir le théâtre, le premier cinéma et le premier restaurant. Il était copain d’études du directeur du CUEJ, Alphonse Irjud -qui deviendra aussi mon professeur en déontologie-, ce qui me donna une impression d’arriver en « terre de connaissance ».

Mes autres maîtres s’appelaient Daniel Riot (presse écrite), Jean-Paul Gunsett (radio), Ernest Botzung (techniques d’impression), Henri Mercillon (économie politique), François Wentzinger (anglais), Jean-Marie Cavada (télévision), Jacques Léauté (sociologie de l’information), Yves Lavoinne (français), Jean-Pierre Kintz (histoire), Jean-Paul Fitoussi (économie), Jean-Paul Jacqué (droit), Jean-Claude Hahn (actualité), Paul Woessner (mise en page) et Gérard Schuffenecker (presse écrite). Sans oublier Alice Baumert qui nous enseignait la photo.

Ceux de ma promo avaient lancé un journal qui s’appelait « La Glèbe ». Dans ce journal d’étudiants ont paru mes premiers articles. J’ai commencé en même temps à écrire mes premières piges pour les DNA à partir de 1972 : Jean Bézu qui s’occupait de la page Jeunes qui paraissait dans l’édition du lundi, faisait paraître mes textes : poèmes, contes, saynètes de la vie. Durant l’été 1972 et 1973, j’ai commencé mes premiers stages de journalisme aux DNA.

Pendant l’été 74, je suivis un stage d’un mois à RTL, sous la férule du rédacteur en chef Bernard Chapuis. Jean Farran était alors le PDG de cette radio dite périphérique, située rue Bayard, qui rivalisait avec Europe 1, autre radio périphérique située à quelques encablures rue François 1er. Les journalistes que j’y côtoyais s’appelaient Georges Ménager, transfuge de Paris Match , Jean-Pierre Defrain, ainsi que Alexandre Baloud et Philippe Gildas. Ce dernier n’était à l’époque pas encore happé par l’univers télévisuel : Canal+ n’allait naître que dix ans plus tard.

De « grosses pointures » animaient l’antenne de RTL en ce temps-là : Maurice Favières avait la tranche du matin, de 5 h à 9 h, puis venait Anne-Marie Peysson de 9 h à 11 h (son mari, Alain Krauss animait le journal de 13 h). Fabrice, animait la tranche 11 h-13h. Fils de René Simon, créateur du cours de théâtre Simon, il se faisait appeler « l’empereur ». Jean-François Revel avait une chronique très suivie. Les après-midis étaient occupés par Ménie Grégoire, qui provoquait une réelle fièvre radiophonique qui surmenait les standardistes. La fin d’après-midi était animée par Philippe Bouvard qui présentait de 16h30 à 18 h « RTL non stop », émission qui sera suivie en 1977 (à partir du 1er avril !) par « les Grosses têtes ». André Torrent présentait le hit-parade de 18h30, suivi à 20h30, par Jean-Bernard Hebey.
A 22 h, Max Meynier récoltait d’ étonnants scores d’audience avec l’émission nocturne « Les routiers sont sympas ». Je ne pensais pas le retrouver en 1972, huit ans plus tard, pour co-animer une après-midi en public à la Foire de Mulhouse. Les nuits étaient assurées par Georges Lang, que je n’ai jamais aperçu car il réalisait l’émission depuis les locaux luxembourgeois de RTL.

Une fois nantie de ma licence de journalisme, j’ai tenté, à partir de l’automne 1975, de trouver un emploi. Mes recherches restèrent vaines. Je décidais alors de m’inscrire à la Sorbonne pour passer en un an, par équivalence, une licence de langues appliquées. Cette année parisienne fut intense : pour améliorer les fins de mois, je travaillais comme secrétaire intérimaire tout en suivant les cours de la Sorbonne. En juin 1975, j’obtins ma 2e licence. Je m’étais aussi inscrite, la même année, sans y croire, à l’examen de la Chambre de Commerce Britannique, que je réussis également. Je commençais à m’adapter au rythme effréné de Paris et envisageais même d’y rester lorsque les DNA m’appelèrent pour m’informer qu’un poste de journaliste était vacant au journal. Je suis revenue à Strasbourg à la fin juin de l’année 1975.

Plus de précisions figurent dans le livre « Ces années-là…Mes souvenirs radio-télé »
La Nuée Bleue, 2004

Notice bibliographique BnF

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