Jusqu’en 2000, les émissions Sür un siess étaient enregistrées au studio 2, baptisé par Jean-Louis English « Studio Eric Sold » après le décès de ce journaliste. Lorsque les régions décrochèrent chaque jour pendant deux heures, pour le 12-14, il fallut imaginer une solution de repli. A partir de ce moment-là, les émissions Sür un siess furent enregistrées à l’auditorium de France 3 Alsace, une salle pouvant accueillir 450 personnes pour des concerts, des projections ou des pièces de théâtre.
Avant chaque enregistrement, l’avant-veille, il fallait repeindre le sol de la scène où était installée la cuisine. Cette tâche était dévolue à Franck Corre. Il réalisait un sol moucheté qui disparaissait à la prestation suivante. Puis il fallait mettre en place le décor, la cuisine, démontée après les séances d’enregistrement. Le public pensait parfois que nous nous trouvions dans la cuisine privée de Hubert, ou du moins dans une cuisine qui reste toujours en place. Il n’en était rien. Il ne serait pas possible de mobiliser un studio sur une année juste pour y enregistrer une émission hebdomadaire.
Et enregistrer directement au restaurant ? Aucune cuisine de restaurant n’est conçue pour un tournage télévisé. Je l’ai constaté lors des tournages des séries « La cuisine des chefs » et Kichechef, enregistrées dans les cuisines de restaurant. Ces cuisines, fonctionnelles pour l’élaboration de plats, ne le sont pas pour un enregistrement télévisé. Il y manque l’espace pour placer les caméras et les lumières. Devant son plan de travail, le chef a un espace sur lequel il pose ou accroche des ustensiles. Tout cela doit être démonté pour que le chef soit face à la caméra sans aucun barre d’accrochage ou de meuble de rangement qui cacherait partie de son visage.
Enfin, les nuisances sonores rendent les enregistrements difficiles dans une cuisine de restaurant qui n’est pas insonorisée : les portes claquent, des personnes rient dans la pièce à côté, un téléphone sonne, cela passe par les micros et oblige à interrompre l’enregistrement. Or, lorsqu’une équipe de 20 personnes est prête, il faut aller de l’avant, ne pas perdre de temps pour éviter les heures supplémentaires.
Notre première invitée en septembre 1995 fut Christine Ferber, maître-pâtissier-chocolatier à Niedermorschwihr. Le succès de l’émission devint vite grandissant. Si bien qu’après deux ans de cette série , alors qu’il était de bon ton de changer les émissions, la direction me demanda de la prolonger. Elle se prolongea d’année en année et finit par durer 13 ans, en affichant des records d’audience à une heure (17h) qui n’était pourtant pas une heure idéale de diffusion.
Cette tranche en laquelle peu croyaient, surtout lorsque j’annonçais que je la ferai entièrement en alsacien, a fidélisé le public d’une façon bouleversante qui me fait chaud au cœur aujourd’hui encore. Je porte cet amour témoigné par le public comme une étole de douceur.
Vous trouverez plus d’informations
– sur l’émission « Sür un siess » dans le livre « Ces années-là… Mes souvenirs radio-télé » (La Nuée Bleue)
– sur «l’affaire Sür un siess» dans le livre « Adieu Sür un siess ? » (Le Verger Editeur).
– en cliquant sur ce lien de www.lapetition.be lancée par Isabelle Baumann sur le site La petition.be