Haeberlin, l’Alsace passionnément

Ce livre fut récompensé en 2005 en Suède par trois World cookbook Awards :
« Best cookbooK in Europe »,
« Grand prix de la gastronomie française » et
« Best cookbook photography for books in german »

J’aime l’Alsace, la terre où je suis née. J’aime ses couleurs, ses paysages, sa langue médiévale aux accents si variées. J’aime aussi ses habitants, leur humour forgé par une histoire mouvementée qui lui fit changer quatre fois de nationalité en soixante-quinze ans : un record européen. Sa horde d’envahisseurs – Romains, Armagnacs, Huns, Alamans, Suédois, Autrichiens, Allemands- a donné de la trempe à ses habitants et à sa gastronomie.

J’aime aussi la famille Haeberlin. Son histoire illustre la candeur, l’humilité, l’honnêteté et le talent récompensés. Sa saga constitue le plus rassurant et le plus esthétique des contes, que l’on se plait à répéter car il dit l’histoire de gens modestes qui ont atteint le sommet, qui sont restés simples et qui cultivent toujours la même gentillesse.

Marc Haeberlin a repris le flambeau de ce lieu mythique, sans en donner l’air, avec grâce et légèreté, n’affichant jamais le poids, pourtant réel, des responsabilités, trouvant un juste équilibre entre passé, présent et futur. Ses ancêtres comme les miens viennent de Suisse. Ils furent de ceux qui repeuplèrent au 17e siècle l’Alsace laissée exsangue par les Suédois après la Guerre de Trente ans.

Lorsque Marion Michels, éditrice suisse de ce bel ouvrage, se trouva sur mon chemin pour m’inclure dans ce beau projet, j’y ai vu un signe aimable du destin. Je ne pouvais dès lors que me fondre avec joie en cette alchimie harmonieuse.

Extrait

Printemps


On le devine à ce souffle léger qui fait tanguer les ramures des saules pleureurs : le printemps est là. L’Alsace le guettait. Entre sa ligne bleue des Vosges et celle sombre de la Forêt Noire, elle peut réchauffer sa plaine, tiédir ses vallons et ses crêtes. Déjà les cerisiers et les pommiers éclaboussent de blanc et de rose tendre les vergers. De l’Outre Forêt au Sundgau, du Ried à l’Alsace Bossue, le printemps porte l’espérance d’un monde qui renaît . Il fait jaillir la vie, dessine des sillons de verdure, fait foisonner les radis et gaufrer les feuilles d’épinard. La vigne s’habille de vert vif. Les asperges profitent de la douceur des jours pour montrer leur corps nacré, leurs têtes mauves. Elles composeront avec les morilles le plus racé des mariages. Les oignons de mai s’élancent vers le bleu du ciel. La rhubarbe déplie ses grandes feuilles et les fraises s’empressent de mûrir. La terre exhalent ses fragrances de lilas et de roses thé. Bientôt la fenaison. Les iris sauvages illuminent de jaune les berges de l’Ill. Les poissons d’eau douce de cette rivière deviendront matelote, comme avant, du temps de Marthe et de Henriette. Les bonnes recettes font fi du temps. Elles ont seulement besoin d’amour pour faire chanter les papilles gustatives. A l’Auberge de l’Ill, la brigade est prête. Elle donnera le meilleur d’elle-même. C’est sa mission. Et son plaisir.

Livre édité en Allemagne et en Suisse sous le titre Elsass, meine grosse Liebe

 

Parution : automne 2004

Editeur : La Tavola Verlag by Marion Michels (Suisse)

ISBN-10: 3909909094

ISBN-13: 978-3909909094

288 pages papier glacé

34,4 x 24,8 x 2,6 cm

 

Photos Dave Brüllmann</p>

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