Sourires d’Ouzbékistan

Le sourire des Ouzbekes© S. Morgenthaler

En visionnant des photos d’avril 2017, je me suis arrêtée à celle-ci, avec le visage souriant de trois femmes et de deux filles ouzbekes.

Je l’ai prise dans la ville de Khiva, située sur la route de la soie, dans une oasis, à environ 500 kilomètres de Boukahra. Sa ville intérieure (Itchan Kala), classée au patrimoine de l’UNESCO, est conservée dans l’état d’origine.

J’y avais visité une belle mosquée du 18ème siècle qui comporte des raretés : elle a des colonnes sculptées en bois de santal. Le bois est rare dans les mosquées. En voyant cette forêt de colonnes, je pensais irrémédiablement aux colonnes de la mosquée-cathédrale de Cordoue en Andalousie (qui fut d’abord temple romain, puis devint une église, ensuite une mosquée dans laquelle fut construite une cathédrale).

Comme vous le voyez sur la photo, cette mosquée de Khiva a une autre spécificité : un puits de lumière rare dans mosquée et un atrium avec des plantes, unique en son genre.

Mosquée de Khiva du 18e avec ses colonnes de santal sculpté et son puits de lumière© S. Morgenthaler

En me promenant dans la ville, j’ai passé devant ces femmes et ces petites filles assises sur un banc. Elles m’ont interpellée avec gentillesse et curiosité.

Les Ouzbeks sont un peuple hospitalier et accueillant. Ils pratiquent un islam modéré. Les décennies sous le régime communiste soviétique a affaibli la religion et a laissé à l’abandon les édifices religieux qui, à la chute de l’URSS, furent restaurés -souvent à la va-vite- pour attirer et satisfaire les touristes en quête de belles mosquées et madrasas (des écoles qui enseignent le Coran).

L’Ouzbekistan, ex-république soviétique d’Asie centrale, est aujourd’hui une « république présidentielle » où le président est à la fois chef de l’État et du gouvernement, une république qui se voudrait démocrate mais qui pratique la répression contre l’opposition politique , une république où la liberté de la presse est inexistante.

J’ai demandé ces femmes si je pouvais les photographier. L’idée les enchantait. Je leur ai ensuite montré la photo sur l’écran de mon appareil. Elles ont ri en se voyant sur cette image figée.

Le merveilleux sourire de ces femmes ne doit pas faire oublier leur condition : elles deviennent généralement mères très jeunes, souvent par des mariages arrangés par la famille. Une fois mariées, elles vivent souvent sous la coupe du mari, elles ont peu de libertés et parviennent néanmoins à faire de larges sourires qui révèlent alors leur bouche emplie de dents en or, signe de richesse, chez les jeunes femmes comme les âgées qui parfois arborent quelques rares chicots en or.

Je me souviens que le coucher de soleil était très beau : il rendait roses les remparts beiges, en brique en argile battue, séchée au soleil, qui entourent la ville.

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