Christine Hart : une belle âme s’en est allée

Anne Muller, une amie de longue date, qui fut durant des années une collège de la radio et de la télévision régionales, m’a appelée de la Drôme ce 7 octobre 2019 pour m’annoncer que Christine Hart venait de mourir.

Cela m’a fait un coup au coeur de savoir que la page s’était tournée pour cette femme pimpante et joyeuse.

Christine Hart, entre son amie, Jeannine Deutschmann et moi © S.M

Et que l’on ne pouvait plus parler au présent de cette femme adorable.

Christine, si gourmande de vie, avait rendu les armes.

La maladie contre laquelle elle luttait depuis des années avait eu raison d’elle.

Christine, c’était un rayon de soleil, c’était la douceur et la joie de vivre.

Elle arborait toujours un sourire éclatant, un visage doux et coquin, entourée du flot de sa chevelure rousse.

Et c’était plaisir de l’écouter raconter la vie avec sa voix claire et délicieusement acidulée.

Elle fut la première femme photographe journaliste dans la presse régionale, auteur de livres, passionnée de saveurs et de cuisine . Elle s’était aussi spécialisé dans la gastronomique, mais pas seulement, car, grande voyageuse, elle était aussi sur les terrains en guerre et fut la responsable du service photo du journal l’Alsace.

Sa collègue journaliste Annick Woehl lui a consacré un bel article qui la restitue avec justesse et sensibilité, à lire ans les éditions du 7 octobre du journal L’Alsace, où elle commença sa carrière, à 16 ans au service photo, sous la férule de Roger Struss.

Nous nous croisions lors d’évènements liés aux métiers de bouche, parfois aussi au restaurant de Hubert Maetz, au Rosenmeer à Rosheim. Hubert et Christine nourrissaient une belle relation d’amitié, simple, sans fioritures, comme Christine les appréciait.

Christine Hart, joyeuse, dans l’atelier de Charlie Skubich à Saou dans la Drôme le 15 septembre 2016 © S. Morgenthaler

Ma dernière rencontre avec Christine fut impromptue. Je m’était rendue dans la Drôme, à Soyans, passer quelques jours aux Meyas, dans la demeure de chambres d’hôtes qu’Anne Muller a restauré avec finesse et qu’elle dirige avec sa fille Lise-Anne. C’était le 15 septembre 2016.

A l’arrivée, Anne m’a dit : Il y aura une surprise ce soir au repas.

La surprise ? Ce fut elle, Christine, la fée rousse, qui voulait rendre chaque moment beau et magique et qui m’annonça sa maladie qu’elle espérait surmonter.

Christine Hart était accompagnée de son amie d’adolescence, Jeannine Rostan-Deutschmann, connue pour sa contribution puissante au Salon du Livre de Colmar et fille du célèbre pâtissier colmarien Jean Deutschmann, de la Pâtisserie Jean, reprise par Thierry Mulhaupt.

Jusqu’aux chat, Pierrette et Roc qui apportaient leurs salves de douceur © S.Morgenthaler

Nous avons ainsi passé deux journées dans la douceur de la Drôme provençale.

Anne Muller savait que Christine était aussi une passionnée d’art.

Aussi, nous a t’elle emmenée chez un sculpteur-poète, Charlie Skubich, établi dans le village drômois nommé Saou.

Christine, séduite par ces sculptures métalliques animalières qu’elle imaginait chez elle (et dont deux firent le trajet vers l’Alsace), se déplaçait dans l’atelier avec entrain. Elle demanda à monter à l’étage supérieur de l’atelier pour ne surtout pas passer, dans ce bric-à-brac sympathique, à côté d’un coup de coeur ou d’une curiosité.

Se dire, dans ce moment présent, si rieur, que la vie allait quitter Christine trois ans plus tard relevait de l’impossible.

Face à la demeure des Meyas, la nature à perte de vue © S. Morgenthaler

Mes pensées vont à Christian Battesti, son compagnon de quarante ans de vie partagée, qui quitta son poste de responsable de la rédaction du journal L’Alsace pour accompagner Christine dans son combat pour la vie.

Je n’oublie pas les autres, famille et amis, qui la portent dans le coeur et qui pactisent avec la douleur de l’absence.

Absence n’est pas oubli.

Le sourire de Christine ondoie en nos mémoires,
son rire y résonne en une musique fluette comme un fin carillon,
ses photos restent et témoignent de la forte trace qu’elle a laissée.
Et la pensée nous la restitue, telle qu’elle fut, bout-en-train de rousseur et de joie de vivre.

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