Au-revoir la haie, bonjour le béton

Il y a un an, je vous montrais la photo de cette haie que je longe à vélo quotidiennement le long de l’Ill, non loin du Musée d’art moderne de Strasbourg.

Un bout de haie,
un bout de ciel bleu,
un nuage : l’image renvoie une image de silence.

Et pourtant, en longeant cette haie l’an dernier, j’entendais derrière elle des cliquetis de grue, des ronronnements de bétonnières : les sons d’un chantier de construction.

Un an après, il ne reste plus trace de la haie : elle est rasée et et l’espace vide s’est rempli. Ces immeubles ont vu le jour.

En longeant la haie l’an dernier, j’ai pris conscience que je devais vite me remplir de cette image de ciel que j’apercevais encore. Aujourd’hui le ciel n’est plus visible : des murs et des fenêtres l’ont remplacé.

L’an dernier je me suis dis : « Remplis bien ton regard de ce ciel encore visible car plus jamais tu ne le verras ainsi d’ici ». Il est presque sûr que de mon vivant, les immeubles resteront là.

Je me suis demandé combien de décennies il faudra, combien de siècles, pour qu’un piéton ou un cycliste passant par là voie à nouveau une échancrure de ciel.

Peut-être que JAMAIS on ne reverra le ciel de cet endroit. Cet adverbe me fit horreur l’an dernier mais je dois bien me résigner à cette évidence : le vide ne reviendra plus en cet endroit. Il faudrait un tremblement de terre. Car l’homme ne rendra plus jamais vide cet espace rempli par lui et ses congénères.

Ainsi cheminent les pensées lorsqu’on pédale
et qu’on pense
ne penser
à rien.

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