Le Grand Geroldseck se révèle de plus en plus

Le Grand Geroldseck et ses teintes d’automne sublimes © Jean-Paul Meyer

Cette photo de la ruine du Grand Geroldseck accroche le regard. C’est Jean-Paul Meyer qui l’a réalisée et qui me l’a envoyée. Il est un copain d’enfance de Haegen (Bas-Rhin), village sur lequel est situé ce château classé aux Monuments Historiques. La photo est si lumineuse que les couleurs semblent retravaillées. Et pourtant c’est ainsi, nature et sans artifices, que l’appareil de Jean-Paul les a captées.

Le château se trouve sur les hauteurs de Haegen, entre le Haut-Barr et le Petit Geroldseck, dans la région de Saverne (Bas-Rhin).

Un travail architectural impressionnant © Simone Morgenthaler

Jean-Paul Meyer passe beaucoup de temps sur ce lieu, à le débroussailler, à le restaurer avec d’autres bénévoles de l’association Progeroldseck. Le belvédère a été dégagé et permet de s’y promener. L’association a réussi à rétablir l’entrée originelle du château.

Une trentaine de bénévoles travaillent ici pour consolider certains murs et débroussailler. Certains travaux, comme ceux qui ont concerné le mur du palas, devaient être réalisés par une entreprise spécialisée pour des raisons de sécurité. Ainsi, depuis août 2018, une entreprise spécialisée travaillait là pour faire renaître le palas, une salle d’apparat.

Il aura fallu plusieurs mois de travail pour redonner au mur du palas du château du Grand Geroldseck son lustre d’antan. Le mur extérieur de cette ancienne salle d’apparat construite au XIIe siècle, accolé au mur d’enceinte qui date lui du XIIe siècle, a été restauré à partir d’août 2018 et a été dévoilé le 19 juillet 2019.

Le Grand Geroldseck sous la neige © Simone Morgenthaler

Le château du Grand Geroldseck est l’un des plus anciens des Vosges. Il date du 12e siècle et fut plusieurs fois remanié dans les siècles qui suivirent. Ses moellons de grès roses sont de grande beauté.

Lorsque vous empruntez l’escalier qui mène vers le belvédère, vous avez une vue imprenable sur la vallée de la Zorn, qui mène vers Stambach et la Lorraine. Trois voies y serpentent en parallèle : la routière, la fluviale et la ferroviaire.

Ses moellons de grès rose datent du 12e siècle © Simone Morgenthaler

Enfant, nous cherchions à cet endroit du poivre de muraille. On l’appelle orpin âcre en français et, en alsacien, la traduction littérale de poivre de muraille est Mürpfaffer. Dans ma famille on l’appelle Kranzelkrüt, ce qui signifie « herbe à petites couronnes ». Je me souviens que Maman en faisait de petites couronnes qu’elle faisait bénir avant de les accrocher au mur.

C’est ici que Jean-Paul et les autres bénévoles passent des heures, à débroussailler, à démonter des parties écroulées, à numéroter les pierres puis à reconstruire les murailles.

Ce temps passé au contact de la nature permettra aux générations futures de continuer à admirer ce lieu, à s’y ressourcer. C’est assurément belle oeuvre que de s’employer à sauver des lieux qui nous disent d’où nous venons et qui nous parlent d’un temps si lointain.

Il y a tant de façon de laisser des traces. J’aime ces traces salvatrices qui, en palpant le passé, nous font mieux saisir le présent.

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