Lorsque le paon du jour a rendu l’âme

Cela ne m’est plus arrivé depuis : il y a cinq ans je cohabitais fin novembre avec ce papillon nommé « paon du jour ». C’était la première fois qu’un papillon s’était ainsi introduit dans la maison. Il passait son temps sur la fenêtre de la cuisine, à se promener sur le rideau.

Parfois il voletait vers la lampe et y faisait quelques farandoles. Je me réjouissais, pensant que le papillon s’apprêtait à entrer en hibernation et qu’il passerait la saison froide avec moi.

Quelques jour splus tard, il commença à décliner : il lui arrivait de tomber au sol et d’avoir des mouvements d’ailes désaccordés.
J’aimais croire qu’il devait en être ainsi, que les papillons passaient par cette phase pour se préparer pour l’hiver.

Et puis,  il bougea  de moins en moins, allant jusqu’à s’immobiliser tel que vous le voyez.

Là, sur cette photo, la vie a quitté le papillon.

C’est bouleversant de voir la vie quitter un corps, de voir les mouvements se réduire jusqu’à l’immobilité totale.

D’observer la fin de vie de ce papillon répondait alors en écho à un évènement qui remplissait ma vie : la fin de vie d’une personne proche, qui elle aussi, réduisait de plus en plus ses gestes, ses battements de paupière, ses mots.

Le côtoiement de la mort est bouleversant. Il est aussi fondateur ,car il nous dit le chemin que nous prendrons. Il nous enseigne l’importance de l’instant présent qui nous voit pleinement vivant, dans l’avancée, mu par un corps chaud.

Il n’est pas inutile de faire de temps à autre une pause pour se souvenir que rien n’est acquis et que, dans ce quotidien qui nous voit tant nous battre, tout est provisoire et passager.

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