Antoine Jung, l’incroyable boulanger alsacien de Bavière

Antoine Jung m’a envoyé cette photo amusante faite le jour de son anniversaire. Un couple lui offrit, pour sourire, pour ses 52 ans ce trophée de « consul d’Alsace » !

Consul d’Alsace : un titre pour rire

C’est celui d’ambassadeur qu’il lui faudrait, car il n’y a pas de meilleur ambassadeur que lui pour dire haut et fort, où qu’il passe, combien l’Alsace est merveilleuse.

En Bavière, ce joyeux Alsace, si positif, est celui qui créé du lien : il invente des bretzels en forme de vélo et fait le tour d’Alsace, ou relie Schönberg en Bavière à Rittershoffen, son village d’Alsace par des courses ou des criteriums.

En été 2013 ( lors du jumelage) 2 cyclistes ont couvert à vélo les 420 km qui séparent Schönberg de Rittershoffen. Ils furent accueillis pour les 40 derniers kilomètres par Christophe Kern, le champion cycliste de Rittershoffen.

Antoine a aussi organisé un jumelage entre son village d’Alsace et Schönberg, avec une soirée bavaroise à Rittershoffen dans la salle polyvalente. Et il organise pour le 13 juin 2019 à Velden en Bavière la 4e Eva Luginger Schlagernacht avec notamment Olaf der Flipper et le chanteur alsacien Robin Leon qui fait carrière en Allemagne.

Comment Tony (ou Antoine -son prénom de baptême-) est-il devenu boulanger à succès à Schönberg en Bavière ?

Son histoire ressemble à un conte des temps modernes.

Après son apprentissage à Hatten et 1 ans comme ouvrier à Drusenheim , il quitta Rittershoffen et devint maître boulanger en Allemagne.
Se languissant de trouver une femme, il répondit à l’offre d’une agence matrimoniale qui figurait dans une gazette boulangère. Il trouva cœur à prendre en la fille du boulanger de Schönberg, un village de 1050 âmes, en Basse-Bavière, à 80 km de Munich (en direction de Passau). Mariés en 94, Bärbel et Tony eurent vite quatre enfants : un fils et trois filles.

D’Alsace en Bavière : l’amour de la boulange: © Wolfgang Kluck

Tony fit fructifier la boulangerie, ouvrit 3 filiales et dirigea vite 21 employés. Ma vie ressemble à un conte de fée, dit-il.

C’est que cette grande masse de muscle et d’énergie développe dix idées à la seconde. Il était évident que la petite Backstub s’agrandirait vite. L’aubaine était trop belle pour montrer que l’art alsacien de la boulange pouvait fusionner avec celui de Bavière et donner un cocktail à succès.

Il agrandit le fournil de son beau-père, le faisant passer de 70 m2 en un laboratoire ultra-moderne de 500 m2. Il ouvrit en plus de sa Bäckerei-Konditorei, 3 filiales dans la petite ville Neumarkt-Sankt Veit et dans le village voisin de Lohkirchen.

Aujourd’hui c’est une chaîne de boulangerie qu’il dirige avec 8 magasins et 60 employés qui s’étend sur un rayon de 20 kilomètres . La marque Elsass-Bäcker est connue partout dans cette belle région de Bavière. Et lors des réceptions à Munich à la Résidence Francaise ou à la Chancellerie lors du Prix Montgelas, les produits du boulanger alsacien sont servis.

8 boulangeries créées autour de Schönberg © Wolfgang Kluck

J’utilise 25 tonnes de farine par mois. Nous fabriquons 4000 bretzels par jour, précise t’il. La Bavière a le culte de cette spécialité nouée qu’il faut manger fraîche et croustillante. Aussi dans les 8 magasins, nous les cuisons sur place tout au long de la journée.. Mais il y a aussi les pains, et l’Allemagne maîtrise l’art des bons pains aux céréales. Ce que je pouvais apporter, c’ était la baguette, le pain blanc à la française, guère connu ici, précise Antoine. Résultat : il cuit 30 sortes de pains (dont du pain à la bière, que les Bavarois étonnamment ne connaissaient pas).

Il ne cesse d’inventer, met au point du pain croustillant à la mode suédoise, ou du pumpernickel mis sous vide. Mais je peux préciser sur l’emballage que le travail est artisanal. J’ai la fierté de mon métier. Son beau-père Heinz Fichtl, fier de sa réussite, l’a accompagné jusqu’à l’âge de 85 ans. Il est décédé en 2008. Il était chaque jour au fournil jusqu’au bout. Il était fier de son gendre, ajoute Antoine, et moi fier d’avoir eu un père exemplaire, je ne l’oublierai jamais.

Avec l’équipe du Tour d’Alsace en 2017 : de gauche à droite : Alain Lamy (cycliste haut-rhinois), Paul Belmondo (le fils du comédien Jean-Paul Belmondo), Antoine Jung (le boulanger), Denis Schmitt (cycliste haut-rhinois devenu conseiller technique pour France Télévision) et Rodolphe Gaudin (journaliste de France 2) © Maurice Kloetzlen

Antoine participe à de nombreuses d’actions caritatives, créé des évènements dont les bénéfice vont aux enfants malades et il figure dans le Guiness book des records pour une baguette de 410 m de long !

La plus grande chose que j’ai faite, c’était en 2017, ajoute Antoine Jung. J´ai rassemblé en une année 15 500,00 €. Et puis pour mes cinquante ans je ne voulais pas de cadeaux, j´ai reçu de mes 170 invités 8000,00 € . De plus, un copain en fêtant ses 60 ans m’a donné 4000,00 €. L’argent est allé aux enfants malades du coeur à Munich pour la « Stiftung Kinderherz Deutschland » A ce jour, je pense que j’ai pu offrir 40 000,00 € de dons de bienfaisance, en alliant toujours à mes actions un pain ou un produit de boulangerie.

L’enthousiasme, le sens de l’entraide de l’Elsass-Bäcker sont connus à la ronde.

A son arrivée en 1994, il n’a pas mis longtemps à s’ intégrer à Schönberg. Ma femme Bärbel joue du « Hackbrett », de la cithare et de la guitare. Elle m’a de suite amené dans son association de danses traditionnelles. On m’a donné un pantalon de cuir bavarois. Et c’était parti !

En mars 2019, Antoine Jung fêtera ses 25 ans de présence en Bavière. Et en septembre son fils Philipp commencera son apprentissage de boulanger.

Un bonheur arrive rarement seul.

Zum Geburtstag viel Glück !

 

Le site du boulanger : www.elsass-baecker.de

Sa page Facebook

Le site du photographe Wolfgang Kluck

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