Les livres sont un rempart contre l’obscurantisme

 

Book pages as a heart © Photo by Sarah Pflug from Burst

En cette époque décadente qui grignote lentement le monde civilisé, nourrissons-nous des bienfaits des livres.

Ils ouvrent nos horizons, ils sont un trésor pour notre imagination, ils nourrissent notre esprit et nous offrent à peu de frais de merveilleux voyages.

C’est l’évasion vers les mers de Chine ou le Groenland, vers les réflexions des philosophes, les aventures exaltantes, les récits de vie.

Les livres m’ont ouverte à la vie. L’institutrice Mademoiselle Jérôme -et plus tard l’instituteur Marcel Neusch-, ouvraient le jeudi vers 16 heures le meuble qui contenait les livres. Le jeudi était « jour de bibliothèque » à l’école communale de Haegen. Comme j’aimais le bruit du volet roulant en bois qui tombait, comme j’aimais l’odeur des livres, leurs tranches qui invitaient à les saisir. Leurs couvertures contenaient des récits qui permettaient de voyager si loin sans bouger de sa maison.

En lisant Sans famille de Hector Malot, j’étais Rémi, l’orphelin arraché à la Mère Barbarin, j’étais aussi Vitalis le saltimbanque-musicien ambulant, avec lequel il fera le tour de France. J’étais tantôt Joli-Cœur, Capi, Zerbino ou Dolce, les animaux qui les assistaient dans leurs numéros.

En lisant La Case de l’oncle Tom de Harriett Beecher Stowe, pasteur, j’ai vécu à fleur de peau le racisme, l’horreur de l’esclavagisme, la douleur des êtres que l’on arrache les uns aux autres.

J’ai lu ces romans lorsque j’étais à l’école primaire et je les ai relus récemment pour voir si l’émotion était encore là : elle fonctionnait, intacte, comme lorsque j’étais petite.

C’est merveilleux de lire, c’est merveilleux d’écrire, de prendre les mots, de les assembler, d’en faire une mosaïque dans laquelle le lecteur se trouvera, se reconnaîtra, s’évadera.

Lorsque je vois un lecteur penché sur un livre, je suis touchée, presque gênée de le surprendre dans cet intime tête–tête avec des mots, un texte, une histoire.

Les livres nous montrent la beauté du monde, ses douleurs, ses horreurs aussi.

Avoir lu Si c’est un homme de Primo Levi ou Une vie bouleversée d’Etty Hillesum, (témoignages bouleversants sur l’expérience indicible des camps d’extermination, sur l’abomination de l’antisémitisme, sur la folie meurtrière du nazisme), et voir qu’à nouveau apparaissent des relents d’antisémitisme, donne envie de hurler. La vraie misère est celle de l’obscurantisme et des esprits frustes. Cette misère est bien pire que celle qui se loge dans les porte-monnaie.

La lecture fait sortir de l’ignorance, elle permet de comprendre les drames qui ont secoué l’humanité afin que l’envie de les reconduire soit éradiquée.

Les livres sont de bons compagnons : ils sont un rempart contre la barbarie et contre l’obscurantisme. Ils nous font cheminer sur les voies les plus précieuses : celles de la poésie, de la connaissance et de la bienveillance.

J’ai avancé pendant de longs mois avec Marcel Proust pour lire l’intégrale de son oeuvre-fleuve, A la recherche du temps perdu. J’en suis sortie enrichie, comme si l’étole de ses mots m’enveloppait. J’ai tellement aimé me laisser prendre par la main de ses phrases ciselées, de ses descriptions qui font chanter les mots, qui nous rappellent (il en est besoin !) combien la langue française est foisonnante, riche, belle à couper le souffle, très éloignée du pauvret baragouinage qui s’échine en injures et en vulgarité sur les réseaux sociaux.

Lisez Agatha Christie, Enid Blyton, Patrick Modiano, Françoise Sagan, Frédéric Dard, Marguerite Duras, Ernest Hemingway, Colette, Christian Bobin, Friedrich Nietzsche, Barbara Cartland, Jean Giono, le Marquis de Sade, Janine Boissard, Romain Gary, Herrmann Hesse, la Comtesse de Ségur, Le Clézio, George Sand, Marcel Pagnol, et des milliers d’autres qui vous attendant sur le régal des librairies ou des bibliothèques.

Ces compagnons vous feront musarder sur la sente des parfums de la vie, loin des miasmes de notre époque peu épique.

 

Voici quelques livres que j’ai lus et aimés récemment :

Puisque tout passe, fragments de vie, de Claire Chazal (qui n’est pas seulement belle par son allure et son élocution mais qui l’est aussi par son écriture), (Editions Grasset)

L’affût ou comment je me suis transformée en cerf de Claudie Hunzinger (Editions Le Tourneciel). J’aime tout les livres de Claudie depuis son premier, « Bambois la vie verte » paru en 1973 (Editions J’ai lu)

Munkey Diaries,le journal intime de Jane Birkin, (Editions Fayard)

Petit Traité de l’abandon, d’Alexandre Jollien : les pensées et le sourire de ce philosophe suisse vous illumineront de bonheur (Editions du Seuil)

Ces presque riens, de Maurice Laugner, qui décrit avec délicatesse les moments émouvants d’une vie à deux, sans jamais nommer l’absence de la bien-aimée que la vie a emportée. Ce livre vient de paraître au Tourneciel, la maison d’édition créée par le poète Albert Strickler.

 

Victor Hugo disait :

La lumière est dans le livre, laissez-le rayonner !

Que les esprits obscurs et étroits l’entendent.

 

 

 

 

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