Raymond Waydelich dans la série « Zuckersiess »

Visionnez ici l’émission « Zuckersiess » de 30 minutes consacrée à Raymond Waydelich avec Ina.fr

 

Raymond-Emile Waydelich fut mon invité le 25 juin 1994 pour clore la première année d’ émissions de la série Zuckersiess sur France 3 Alsace. Préparer une émission avec lui est une opération épique car toute tentative pour parler sérieusement est couronnée par des blagues et des farces.

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J’en ai déduit que c’était sa façon de se protéger sans avoir à livrer une part de lui. Les photos d’enfance qu’il me fournit avaient été trafiquées par lui : les visages avaient été remplacés par des têtes de singes et de perroquets. Ainsi il disait de son arrière-grand-père, qu’il portait le nom de Hans Mori, qu’il était prussien et qu’il avait des « neurones coco ».

Je dis à Raymond que quelques photos-montages pouvaient être montrées, mais qu’il ne fallait pas en abuser car ce serait fatigant. Et puis ne valait-il pas mieux jouer la carte de la sincérité, de l’authenticité ? L’ artiste facétieux me confia donc des photos des siens : son grand-père Emile à Verdun en 14-18, ses parents Frieda et Marcel, le jour du mariage à la Meinau, lui bébé d’un an à Périgueux en 1939 avec son papa, l’oncle Henri “bricoleur en fiscalité », sa grand-mère Frédérique, son grand-père ébéniste, et bien sûr une photo avec son ami, Philippe Schadt, fan de pêche comme lui prise sur un bateau à Haïda (Canada), et une autre révélant le visage raviné de Raymond et de Philippe au réveil dans la cabine du bateau, après une nuit tumultueuse.

Raymond voulait aussi profiter de l’émission pour montrer la photo révélant un scoop : qu’il fut champion de boxe à New York. Il est vrai que c’était bien son visage qui figurait sur le corps de… Cassius Clay.

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Le dessert choisi par Raymond était une « crème brûlée façon Lydia Jacob », parfumée à l’alcool de bouillon blanc de Jean-Paul Metté, le regretté distillateur de Ribeauvillé, sosie d’ Eddie Constantine.

Je soupçonnais Raymond de vouloir commettre une farce au cours de l’émission. J’en ai touché mot au maître-pâtissier Christophe Meyer, mon complice de cette série, lui demandant d’ être prêt au cas où des hostilités seraient déclenchées.

Raymond vint pour l’enregistrement, sans sac, sans valisette, avec sa personne seulement. Mes doutes finirent par s’endormir. Sans doute n’avait-il prévu aucun happening vachard. L’émission se déroula « normalement », si ce terme peut être utilisée dans le cadre de la folie douce que Raymond laisse en son sillage.

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C’est dans la dernière minute de l’émission que Raymond, contre toute attente se leva, sortit de sa poche de sa veste une bombe de chantilly. Il « bomba » mon chignon en des circonvolutions qui finirent par dégringoler dans mes yeux, sur mon visage. Raymond était hilare, ravi de la surprise crée.

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Il ne savait pas encore laquelle l’attendait. Christophe sortit une bassine en fer blanc rempli de 6 kg de sucre semoule qui tombèrent en pluie sur l’ invité, blanchirent ses cheveux, glissèrent sur sa chemise et sous elle, se logeant en ses moindres recoins.

J’ai visionné au ralenti le visage de Raymond lorsque la masse de sucre vint sur lui. Son visage, resté sans voix, exprime une telle surprise qu’il se fige, comme une « image arrêtée ». En jolie concrétisation de « l’arroseur arrosé ».

Texte extrait de mon livre « Ces années-là » (E. La Nuée Bleue)

Bon visionnage !

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