La lettre de Claude Wind à propos de « La brique au fond du lit »

Claude Wind lors d’une lecture publique de poésie © Claude Menninger

Claude Wind m’a écrit ceci le 22 novembre 2025 à propos de mon livre La brique au fond du lit (La Nuée Bleue 2025).

J’aime bien ton livre « La brique au fond du lit »
Ce titre est très parlant. Très juste avec ton propos.
Il illustre à merveille le sens de notre Heim alsacien,
ce mot qui conjugue la chaleur et l’intime,
le Heimlich du chez soi, le personnel et celui du pays,
la Heimet dont on peut avoir le Heimweh quand on en est séparé.

Bon nombre de ces petits tableaux, histoires et portraits, entrent en résonance avec mes propres souvenirs d’enfant auprès de mes grands-parents à Kintzheim au pied du Haut-Koenigsbourg où j’ai vécu jusqu’à mes onze ans. Je pense à la fameuse Kütsch, cette bonne amie de la famille indispensable aux travaux de jardinage et autres. Elle m’a suivi à Sélestat où elle servait à transporter les bouteilles de gaz butane grise et jusqu’à une date récente à rentrer le bois pour l’hiver. Elle est bien vieille maintenant ses roues sont de guingois et son osier déglingué après quelques soixante-dix ans de service. Voici venu pour elle le temps du repos dans la grange.
J’admire la précision de ton écriture qui nous rend présents tes souvenirs, si présents qu’on pourrait les toucher des yeux.
Et puis il y a une autre dimension du Heim dont on parle moins, que l’on trouve p. 72 de ton texte, lorsque tu parles de la magnificence d’une vue qui donnait envie « de se taire, de prier, ou de pleurer ».
Là nous touchons au mystère (das Geheimnis) du monde et dans un éblouissement nous le révèle…

Enfin tu m’as fait rencontrer Joseph Asal « ce saint vivant » comme il est nommé dans une monographie sur le site d’Alsa collection. Il mérite que l’on s’arrête à son chemin de vie et à son œuvre. Un vrai personnage d’un roman de Hermann Hesse   

Merci Simone pour cet écrit, quasi d’ethnographe, qui mérite beaucoup de lecteurs.
A très bientôt j’espère,

Claude Wind

Claude Wind est poète. Cet amoureux des mots s’exprimait par la chanson dans les années 70, avec des textes et une voix qui ont marqué l’époque. Ses concerts ont été appréciés en Alsace et dans la grande région pendant une quinzaine d’années. Je me souviens, lors de mes débuts à la radio en 1976, de l’admiration que lui portait Jacques Taroni, qui était responsable radio à Strasbourg avant de devenir réalisateur à France Culture. La radio s’appelait alors Alsace-Matin et elle décrochait le matin sur la longueur d’ondes de France Inter. Nous donnions une belle place aux chansons de Claude Wind, aux textes forts.

« Pour moi, dit Claude Wind, le cœur de mes chansons a toujours été le texte », « les paroles ». C’est- à-dire une des formes possibles du poème, pris dans sa dimension orale, la dimension première et fondamentale de la poésie. La mélodie n’étant pour moi qu’un moyen, un véhicule, avec l’interprétation bien entendu. Je n’ai eu, me semble-t-il, pas d’influence directe mais plutôt indirecte de Bob Dylan, Léo Ferré, Léonard Cohen… en arrière plan à mes propres compositions. Présence plus ou moins visible. Imitations ratées de leur manière de faire, peut-être ? Un romancier -je crois qu’il s’agissait de Michel Tournier-, a déclaré, à peu près ceci : une création réussie est une imitation ratée. »

Lorsque Claude Wind a cessé la chanson, la poésie ne l’a pas quitté. Elle l’imprègne totalement et il est un de nos meilleures connaisseurs de la poésie et des poètes par-delà les temps et les pays.

Il a publié des recueils, dont le premier « Les Poèmes de la Pierre perdue », paru en 2017, a récolté deux prix littéraires. Il fut suivi en 2018 par « Sans ajouter une ride », puis par « Lisières et passages ».

Son dernier recueil s’intitule « Par les temps qui courent » (Editions Lharmattan). Son écriture nous infuse de lumière tout en nous donnant à réfléchir à la noirceur des jours.

Claude Wind, auteur-compositeur-interprète dans les années 70/ D.R

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