Julie et Hugo à Andlau en leur restaurant Partage

 

Je ne pensais pas écrire ces lignes sur Julie Soiteur et Hugo Ehrhardt. Je ne connaissais pas leur restaurant Partage qu’ils venaient à peine d’ouvrir en mai 2023 à Andlau lorsque je m’y suis rendue deux mois plus tard. Le hasard m’y a conduit. Un ami y avait réservé une table. Nous y avons passé un moment délicieux.

Nous avions fait une marche à la Rothlach le matin, pendant que la chaleur n’était pas encore trop écrasante. Au retour, vers 13 heures, alors qu’Andlau vivait sous la torpeur de l’été, nous avons marché vers la maison à colombages qui abrite ce restaurant, anciennement nommé Val d’Éléon. Nous fûmes accueillis par une jeune femme souriante. Elle manifestait une aisance qui témoignait d’un évident professionnalisme. Sa salle de restaurant ombragée invitait à s’y installer. Mais la cour intérieure nous attira encore plus ce jour-là avec ses parasols et l’impression de sérénité qui régnait sur le visage des personnes présentes.

 

 

Nous avons opté pour le menu du jour, pour la formule entrée, plat et dessert proposée à 23 €. Avant l’entrée nous fut servie, de façon impromptue, une mousse faite avec des petits pois frais, saupoudré d’une poudre de citron noir. Je compris vite que j’avais atterri chez un passionné de la cuisine, allié à une compagne menant le service avec sourire et doigté.

L’entrée était une déclinaison autour des betteraves rouges qui provenaient de la Ferme Saint Blaise.  Julie et Hugo aiment travailler avec les artisans locaux, en privilégiant la fraîcheur. La salade était composée de petites betteraves cuites auxquelles s’ajoutaient un coulis de cerises, elles étaient surmontées de chips  crus de betteraves rouges et saupoudrées d’une poudre d’hibiscus. Nous nous sommes régalés au point de rendre une assiette nette et propre.

 

 

Tout aussi parfait fut le plat du jour: un mignon de cochon, grillé, servi avec des blettes de deux couleurs, avec du basilic, du pesto et un jus de viande, le tout était saupoudré de petits éclats de noisette. Le verre de rosé n’était certes pas alsacien, mais il était rafraîchissant au possible. Notez, à ce propos, que la carte des vins du restaurant fait la part belle aux vins alsaciens, ceux d’Andlau certes, mais aussi d’autres viticulteurs, parmi lesquels se trouve une sélection de vins non travaillées.

Le dessert  fut un millefeuille parfumé à la vanille et à la rhubarbe.

Vers la fin du repas, j’ai dit à Julie combien ce repas fut savoureux, en soulignant l’inventivité de son compagnon Hugo.  Même moi il m’étonne sans cesse avec ses idées qui naissent sans arrêt, a t’elle dit. Il est tellement inspiré en permanence. Je n’en reviens pas de voir toutes les créations qui sortent de son esprit et du bout de ses doigts . Elle me narra avec passion le tour de France qu’ils ont fait, ses études à l’école hôtelière en Bourgogne et celles de Hugo en Lozère au Lycée Hôtelier Sacré Coeur à Saint Chély d’Apcher, les maisons pour lesquelles ils ont travaillé, chez Lameloise, le restaurant triplement étoilé de Chagny en Bourgogne, puis dans la région de Montpellier, avant de travailler pendant six années à Colmar à La Maison des têtes en deux temps. La première fois ce fut pendant quatre ans, avant que nous nous rendions à l’hôtel Royal Savoy de Lausanne, puis nous sommes revenus pendant deux ans dans les deux restaurants de la Maison des Têtes pour une période de tremplin en attendant de trouver notre affaire. Nous tenons à remercier tout particulièrement Marylin Tanguy Girardin pour son soutien inconditionnel pour le lancement de notre projet.

Julie est de Bourgogne, tandis que Hugo est d’origine alsacienne, né d’une maman mulhousienne. Il a grandi dans l’Hérault près de Montpellier. Tous deux nourrissaient le rêve de créer leur  propre  affaire. C’était un rêve de gosse, dit Hugo. Je souhaite réaliser une cuisine sincère, authentique, généreuse et contemporaine, une cuisine vraie, vive avec des jus et condiments aux goûts marqués, une cuisine à l’image du duo que nous formons Julie et moi.

 Et ce fut chose faite, lorsqu’ils ont pu acquérir ce restaurant. Ils ont transformé la salle de restaurant de fond en comble. C’est une grande chance de pouvoir allier passion et métier, ajoute Julie. Ma force principale est ma sincérité et ma bienveillance, je fais en sorte de recevoir les clients comme j’aimerais qu’on le fasse pour moi. Trouver l’équilibre entre le service tel que je l’ai appris et une vision moderne de la salle, me paraît essentiel. La restauration est une culture qu’il faut nourrir au quotidien en continuant sans cesse de se réinventer.  Avant que nous séparions, elle m’a dit qu’elle était très heureuse de vivre en Alsace, qu’Andlau était une si belle localité. Je lui ai dit que j’avais l’intuition qu’on parlerait beaucoup d’eux. Elle a apprécié cet encouragement. Elle ajouta :  Sandrine Kauffer a écrit un bel article sur son site Les Nouvelles Gastronomiques et Julien Binz nous propose pour la prochaine édition des « TheFork Awards» qui fait découvrir les talents culinaires.

J’ai quitté la cour ombragée. Andlau était toujours sous la torpeur. Le thermomètre affichait 35° à l’ombre. Julie et Hugo avaient fait souffler un délicieux petit vent de fraîcheur sur mon esprit.
Bon vent à eux et à leur « Partage ».

 

 Photos © Corentin Probst

 

 

Restaurant Partage
19, rue du Docteur Stoltz
67140 Andlau
Tél. 03 88 08 93 23

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