Il suffira d’un cygne

Je suis contente de vous montrer ces oeufs de cygne. La chance de les voir ainsi « découverts » ne s’est présentée à moi qu’une fois en 2016.

Le couple de cygne avait alors fait son nid à l’entrée du Château de l’Ile d’Ostwald, là où il y a le plus grand nombre de passages journaliers, en bordure de la piste cyclable qui longe l’Ill.

5 oeufs de cygne d’un beau bleu, des quignons de pains et un reste de bretzel © S.Morgenthaler

La maman avait quitté le nid quelques instants pour se dégourdir les pattes. Je passais par hasard.

J’en ai profité pour photographier la couvée : cinq grands oeufs bleutés, couvés depuis une quinzaine de jours. Deux semaines encore et les oeufs allaient éclore. Le cygne, qui s’était absenté quelques secondes, est vite revenu se poser sur ses oeufs.

C’est très rare que les oeufs soient ainsi offerts au regard. Lorsque la femelle se lève pour manger ou se dégourdir les pattes, le mâle prend généralement la relève pour s’asseoir sur les oeufs.

L’endroit de la nidification sécurisé par la municipalité « pour des prunes » : le couple s’y intéressa un peu puis s’en alla © S. Morgenthaler

De voir ces oeufs ainsi livrés à mon regard fut une belle émotion.

D’autant que l’année suivante, les cygnes ne refirent plus le nid à cet endroit mais 200 mètres plus loin, près de la piscine, toujours en bordure de la piste cyclable, tant et si bien que la municipalité a sécurisé l’endroit à l’aide d’une filet plastifié orange. Cette année-là, les cygne vécurent un drame occasionné par la cruauté et la bêtise humaine : peu avant d’éclore, leurs oeufs furent détruits.

Les cygnes revinrent néanmoins en 2018. Je dis « ils revinrent ». Mais s’agit-il des même que ceux de l’année précédente ou s’agit-il de leurs descendants ? Je ne saurais répondre. En 2018, les oeufs ont pu éclore. Le papa-cygne se postait au milieu de la piste cyclable, l’oeil noir et menaçant, prompt à pincer le mollet du passant qui se hâtait de faire un détour.

Le couple était-il allé 2 kilomètres plus loin vers cette roselière du Murhof ?

J’ai même eu la chance de passer là au moment où les parents incitèrent les petits à quitter le nid, à la queue leu leu, pour aller pour la première fois vers la rivière. C’était bouleversant de voir ces petits si mignons dans leur duvet gris, se suivre en file indienne, avec un des parents les précédant, l’autre s’empressant de nettoyer à la hâte le nid, d’en sortir des éléments qu’il répandait sur la pelouse environnante, comme s’il fallait dans l’urgence faire disparaître des restes ou des traces.

Non, il s’était peu éloigné de l’endroit sécurisé de sa précédente nidification, se contentant de se rapprocher de la rivière Ill © S. Morgenthaler

Une fois les petits arrivés au bord de la rivière, il fallut les encourager, pour qu’ils se jettent, l’un après l’autre, à l’eau : je fus émerveillée de voir que ces petites êtres savent de suite nager. Le dernier de la couvée restait sur le rivage, effrayé, craignant de s’élancer. Un des parents vint le pousser. Il comprit à son tour, en un quart de seconde, que l’eau était son élément naturel. Lorsque les petits étaient fatigués, la maman les prenait sur son dos.

Les petits nommés cygneaux, cygnets, ou cygnons sont gris © S. Morgenthaler

Au printemps 2019, les cygnes commencèrent à faire le nid au même endroit que l’an dernier. La municipalité a sécurisé à nouveau l’endroit et puis, curieusement, les cygnes abandonnèrent le nid.

J’avais perdu de vue le couple de cygnes. J’ai même imaginé le reconnaître (mais tous les cygnes se ressemblent !) deux kilomètres plus loin, le long d’une roselière, près du Murhof. En fait, le couple était resté proche du nid abandonné : il en a reconstruit un quelques mètres en contrebas, en se rapprochant de la rivière Ill.

Cette année, les cygnes se sont à nouveau installés devant le Château de l’Île.

La couvaison va sur sa fin.

Elle dure au total une quarantaine de jours.

Bientôt les oeufs vont éclore.

Carnets de naissance imminents.

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