Cet arbuste aux baies blanches s’appelle symphorine, en alsacien Schneebeere, les baies de la neige. Voici un extrait de mon livre Les saisons de mon enfance (La Nuée Bleue).
Schneebeere
Symphorine
Au bord d’une sente qui mène vers la forêt, pousse un buisson de symphorine. Mon regard est happé par ses feuilles d’un vert bleuâtre.
Et si, par inadvertance, je passais à côté du buisson sans le remarquer, en automne mon regard se trouvera forcément aimanté par les baies, blanches comme la neige, si surprenantes alors que l’hiver n’est pas encore sur le pas de porte.
Les baies ont vraiment la blancheur éblouissante de la neige.
Et dans ma langue, elles s’appellent les « baies de la neige». Et pourtant elles s’épanouissent dès octobre, avant la présence de la neige.
La beauté de ces baies, d’un blanc si éclatant, est chaque année un cadeau qui resurgit alors que ma mémoire l’avait relégué aux oubliettes.
J’effleure les baies mates.
Je ne peux résister : j’en détache quelques-unes que je pose au sol, puis je les écrase de la chaussure pour entendre le bruit claquant qu’elles émettent.
Je fais même éclater une baie entre mes doigts pour respirer son odeur si particulière, un rien fétide. Il ne faudrait pas qu’ensuite je lèche par distraction la main. Car les baies sont toxiques.
Et pourtant je donnerais tout en l’instant pour croquer dans une des baies.
Je résiste à l’envie d’outrepasser l’interdit.
J’en tremble un peu.
Et je n’en aime que plus les baies de symphorine.
Lors du partage de ce texte sur ma page Facebook, Hélène Ehrhart précisa que, dans la langue alsacienne, sa maman les désignait sous le nom Frauenawele, ce qui signifie « petits nombrils de femmes ». Mignon et surréaliste, non ?
Et Madlen Stefan a précisé qu’on désigne ces baies blanches par ce terme imagé Knàll-Erbse (« les pois qui explosent ») pour rappeler que les enfants aiment écraser ces baies du pied pour entendre, lorsqu’elles éclatent, leur son claquant.
Contentez-vous de regarder les baies. Elles sont diablement belles mais toxiques.