En 1976, ma 2e émission : la tarte flambée

Voici ma 2e émission télévisée. INA.fr l’a rendu accessible sous le label « Vintage ».

Elle dure 8 minutes, alors que la version d’origine était un « 13 minutes ».

Martin Allheilig, directeur des programmes à la télévision régionale (qui ne s’appelait pas encore France 3 Alsace mais FR3 Alsace), me confia un « 13 minutes » sur la tarte flambée.

A l’époque, en 1976, nous tournions encore en film.

La réalisation fut confiée à Olga Poliakoff, qui vint de Paris, et que je rencontrais par ce tournage. Elle était, avec Marina Vlady, Odile Versois et Hélène Vallier, l’unes des célèbres Sœurs Poliakoff, nées de parents russes artistes. Elles-même artistes, elles avaient enregistré des disques et elles avaient fait paraître le livre « Babouchka » dans lequel elles racontaient leur vie. Trois d’entre elles, Marina, Odile et Hélène, excellaient au cinéma. Olga avait choisi la rude voie de la réalisation. Peu de femmes s’y étaient en ce temps–là hasardées, si ce n’est Nina Companez, Josée Dayan et Chantal Baumann.

Nous avons tourné du 22 au 29 novembre 1976 en différents lieux : notamment à Willgottheim, dans un grand restaurant (qui s’appelle aujourd’hui L’oie gourmande) où un vaste four à boulanger était placé au milieu du restaurant, ce qui permettait de voir des femmes alertes rouler la pâte, enfourner et défourner les tartes. Le patron des lieux, Bernard Rebstock, s’exprime dans cette émission. Ce gastronome fut aussi, vingt ans plus tard (en 1997), mon invité pour une émission de la série Sür un siess dans laquelle cet épicurien fait l’éloge du pot-au-feu.

On voit ma maman s’exprimer à coté de lui dans l’émission. Je l’avais totalement oublié. Ce fut une émotion pour moi de la voir alors qu’elle est décédée depuis 1996. Sans doute n’aurait-elle pas accepté d’être filmée si Olga Poliakoff n’avait insisté. Je me souviens maintenant, tant d’années après, que Olga Poliakoff l’avait rencontrée le temps d’un week-end en Alsace, passé chez Maman. Elle avait aimé la ruralité de ma mère, son visage aux yeux étonnamment bridés, comme ceux que voyait Olga dans son enfance russe et qui lui rappelait ses ancêtres. Olga avait donc insisté pour que Maman s’exprime dans l’émission. Je l’y sens timide, et surtout peu à l’aise en français alors qu’au quotidien elle ne s’exprimait que dans sa langue maternelle, l’alsacien.

Pour ce tournage, nous avons également filmé à Weitbruch, chez Angèle Brévi qui maintenait la tradition de la tarte cuite le même jour que la cuisson du pain, avec de la vraie pâte à pain, recette dont il n’aurait jamais fallu déroger et dériver si l’on avait voulu maintenir la tradition et la qualité gustative.

Les tartes d’Angèle Brévi furent excellentes. L’équipe s’était régalée, d’autant que la maîtresse des lieux nous servit si généreusement en vin blanc que l’équipe garda cet enregistrement gravé dans sa mémoire. Durant les années qui suivirent, dès que j’étais en tournage avec l’opérateur de prise de vues, Henri Baleydier, qui avait travaillé sur ce tournage, il me disait : Vain Dieu, ce tournage avec Olga, quelle épopée !

L’équipe technique de la vidéo mobile (que l’on appelait l’équipe « du car ») s’était aussi rendue à Handschuheim dans l’un des restaurants spécialisés dans la tarte flambée. Nous avons investi les lieux durant une après-midi et une soirée pour enrichir notre sujet. Par malheur, au développement, le film de cette journée fut entièrement abîmé ! Comme « producteur délégué », j’eus la désagréable mission de prévenir Madame et Monsieur Schott que nous n’étions pas en mesure de diffuser une seule seconde de cet enregistrement. Tout ça pour ça ! Dìs àlles fìr d’Kàtz !

Bon visionnage et merci à INA.fr

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