Comme Anne Sylvestre, j’aime les gens qui doutent

D’Anne Sylvestre, j’aime la chanson
Les gens qui doutent.

En voici les paroles

J’aime les gens qui doutent, les gens qui trop écoutent leur cœur se balancer
J’aime les gens qui disent et qui se contredisent et sans se dénoncer
J’aime les gens qui tremblent, que parfois ils ne semblent capables de juger
J’aime les gens qui passent moitié dans leurs godasses et moitié à côté
J’aime leur petite chanson
Même s’ils passent pour des cons
J’aime ceux qui paniquent, ceux qui sont pas logiques, enfin, pas « comme il faut »
Ceux qui, avec leurs chaînes pour pas que ça nous gêne font un bruit de grelot
Ceux qui n’auront pas honte de n’être au bout du compte que des ratés du cœur
Pour n’avoir pas su dire « délivrez-nous du pire et gardez le meilleur »J’aime leur petite chanson
Même s’ils passent pour des consJ’aime les gens qui n’osent s’approprier les choses, encore moins les gens
Ceux qui veulent bien n’être, qu’une simple fenêtre pour les yeux des enfants

Ceux qui sans oriflamme et daltoniens de l’âme ignorent les couleurs
Ceux qui sont assez poires pour que jamais l’histoire leur rende les honneurs
J’aime leur petite chanson
Même s’ils passent pour des cons
J’aime les gens qui doutent mais voudraient qu’on leur foute la paix de temps en temps
Et qu’on ne les malmène jamais quand ils promènent leurs automnes au printemps
Qu’on leur dise que l’âme fait de plus belles flammes que tous ces tristes culs
Et qu’on les remercie qu’on leur dise, on leur crie « merci d’avoir vécu!
« Merci pour la tendresse
Et tant pis pour vos fesses
Qui ont fait ce qu’elles ont pu.

Anne Sylvestre s’en est allée. le 30 décembre 2020.
Cet adjectif « sylvestre » qu’elle a pris comme pseudonyme, allait bien au souffle frais, d’une forêt d’oxygène qu’a apporté cette auteure-compositeur-interprète pendant 60 ans, devenant le relais d’une génération à l’autre par ses textes courageux pour le féminisme, ses textes poétiques pour adultes et enfants, ses chansons « fabulettes » qui ont enchanté les petits en 18 volumes.

Et je pensais parfois à elle, à son chagrin infini, lorsqu’en 2016 elle perdit son petit-fils, Baptiste Chevrau, musicien, une des 90 victimes de l’attentat du Bataclan à Paris.

C’était une femme belle à tous points de vue, une femme debout, qui s’apprêtait encore à remonter sur scène à 86 ans.

Ses mélodies nombreuses emplissent nos mémoires et nourrissent le jardin de nos âmes.

Merci d’avoir laissé cette trace !

Plaisir de la revoir chanter sous ce lien dans cet enregistrement public.
Ou alors dans cet enregistrement en studio

Photo d’Anne Sylvestre (sur la balançoire) © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP https://www.la-croix.com/Culture/Musique/Les-facettes-d-Anne-Sylvestre-2014-01-17-1091624

print