Saupoudrage de neige

Feuilles de mûres encore vertes et saupoudrées de blanc © S. Morgenthaler

Est-ce parce que je suis en décembre ?

La plus fine pellicule de blancheur réjouit mon regard et mon coeur.

Pour ce début janvier, un léger voile blanc recouvre la végétation.

C’est comme si des pincées de sucre semoule, ou de fins éclats de farine de noix de coco, avaient été posées sur la nature.

Lierre en pellicule de neige © S. Morgenthaler

Cette blancheur va bien à janvier. Elle me ramène vers mon enfance, vers les brouillards givrants, d’Froschtnawel, qui rendent sublime le moindre fétu d’herbe.

J’offre à votre regard ces images de premier janvier en Alsace, avec le brouillard qui a posé son couvercle sur la région et qui semble en adoucir les bruits.

Aiguilles de sapin saupoudrées © Simone Morgenthaler

Le silence règne, après les pétarades névrotiques de la nuit, qui font irrémédiablement penser au temps de guerre et à la chance de ne pas les avoir connus.

En voyant dans la nuit l’extase qui s’emparent de ces fans de bruits effrayants, je me suis interrogée sur la logique si illogique du monde.

J’ai repensé à un séjour dans les années 1990 en Autriche, en Carinthie, proche de la frontière de l’ex-Yougoslavie, alors sacrifiée sur l’autel de l’horreur et de l’indicible, où Serbes et Croates s’entretuaient.

J’étais dans la blancheur de la neige autrichienne et j’entendais les tirs de l’autre côté de la frontière.

Je mesurais ma chance d’être de ce côté, hors de danger. Je mesurais aussi ma tristesse de savoir que, non loin, la neige s’imprégnait de sang et que j’étais là, impuissante, les bras ballants et le coeur lourd.

Une trentaine d’années ont passé.

Je vous souhaite en ce 1er janvier une année à l’image de mes photos :
vivifiante,
ourlée de douceur
et de légèreté.

💕🍀Alles erdenklich Liewe un Güete🍀💕

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