Passerelle sur le Rhin

La passerelle Mimram, entre Kehl et Strasbourg, était enneigée et glissante en cette mi-janvier.

Elle était presque déserte.

Un cycliste et un piéton s’y étaient engagés.

Ce fut plaisante impression de traverser le fleuve,
surplombé par un ciel de traîne
avec ces brumes qui voilaient l’horizon.

Le lit du géant traverse la Suisse, le Lichtenstein, l’Autriche, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas.

Sous le froid glacial, je le regardais s’avancer imperturbablement vers le Nord.

J’imaginais le trajet qu’il lui resterait à faire avant qu’il ne parvienne à la Lorelei. J’imaginais mon amie Inge, la fille de la poétesse Catherine Kreutzer, en train de regarder ses méandres depuis sa maison au haut de la falaise abrupte.

Vater Rhein. Un père, le Rhin ?

Il a inspiré Heine, Baudelaire, Hugo et d’autres et il avance, en silence. Il impressionne.

Intouchable géant qui contient tant de vies, de siècles, de rires, de chants, de cris.

Au bas de la passerelle, deux enfants se roulaient dans la neige.

Il n’y avait pas un adulte présent pour les semoncer.

Le Rhin était témoin de leur fou-rire. Pour sûr, il ne répétera rien.

Le géant n’est pas un rapporteur.

Der Riese bleibt still.

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