Muflier de Noël

Le muflier né tout seul dans une mince faille d’u bloc de grès © Simone Morgenthaler

Regardez-le comme il est mignon, ce muflier pourpre qui fleurit en décembre.
Il a un tonus du tonnerre.
Il fait encore en décembre le guet devant ma maison d’enfance.
Je le trouve très beau avec sa fleur en forme de mufle.

On dirait de petits museaux fragiles et pourtant si résistants: l’hiver ne parvient pas à les ratiboiser.

Le plus étonnant c’est que je n’ai jamais planté ce muflier.

Il est né tout seul dans une fine anfractuosité d’un bloc de grès. Il lui a suffi de quelques grains de sable pour devenir grand.

Et dire que souvent l’on s’évertue à donner la meilleure terre aux plantes et que malgré cela elles rechignent à s’épanouir.

Et lorsqu’on ne demande rien, que l’on ne s’attend à rien, elles pointent leur minois de manière inattendue.

En alsacien, le terme désignant cette fleur précise à quel animal appartient ce museau : à un lièvre.

Muflier né tout seul et qui fleurit en décembre © Simone Morgenthaler

En effet, le muflier se dit Haseschnüeffele, petite gueule de lièvre.
Dans la langue allemande, le lièvre devient lion comme en français, où l’on désigne cette fleur par le terme « gueule de lion ».

Les Allemands la nomment Löwenmaul (gueule de lion) ou Löwenmäulchen (petite gueule de lion). Parfois aussi ils le nomment Drachen (dragon). Ils se rapprochent ainsi des Anglais pour lesquels le muflier est un snapdragon.

Plus je regarde le muflier, et plus je suis convaincue qu’il n’a absolument rien d’un mufle.

Heureusement, car le monde est suffisamment rempli de mufles,
atteints de muflisme,
et brillant par leur muflerie.

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