Les Jardins de callunes à Ban-de-Sapt

J’ai passé une journée exquise à Ban-de-Sapt, 350 habitants (nommés Saptésiens), situé au coeur du massif des Vosges, dans le département de Vosges. Le nom se prononce Band’sat. Ce petit village est réputé pour ses Jardins des Callunes.

Phlox, je les adore tous, quelle que soit leur couleur © S. Morgenthaler

J’e suis partie de Strasbourg et, pour parcourir les 75 km en passant par Schirmeck, Plaine, Saulxures, Bourg-Bruche, Saales, j’ai emprunté une jolie route verdoyante, reposante, qui allait me mener à ce village qui s’appelait longtemps Ban-des-sept-sapins. Un ban désigne en cette région une communauté et Sapt est lié aux mots latins Ad septem abietes (aux sept sapins).

Ce que ce village recèle de magique, ce sont ses jardins de callunes, avec une variété de fleurs qui font la rotation des saisons. Il est particulièrement beau à l’automne avec ses callunes, comprenez des bruyères.

Les massifs de callunes qui, à partir d’août, fleurissent en mauve, rose, jaune et blanc © Simone Morgenthaler

En fait, bruyères et callunes sont de la même famille (celle des Ericacées). La bruyère, celle des landes qui fleurit en violet et mauve à partir de juillet est nommée Erica, et appartient au genre Erica (qui comprend plus de 10 espèces) alors que la callune appartient au genre calluna (avec une seule espèce mais plus de 600 variétés différentes) et elle correspond à la bruyère commune. Le nom calluna vient du mot grec Kallune qui veut dire « balayer » parce qu’ on se servait des petits rameaux pour fabriquer des balais.

Le petit lac des montagnes, avec le salicaire qui fleurit en violet © Simone Morgenthaler

C’est une plante qui s’adapte aisément même en des lieux pauvres. Elle pousse spontanément en Europe. Sa floraison va de juin à novembre.

Les callunes ont diverses hauteurs, de 3 à 80 centimètres. Certaines sont naines et rampantes, d’autres s’élèvent. Leur couleur va du blanc au violet, en passant par le rose, le rouge et le pourpre.

Ces jardins, pas très âgés, sont nés dans les années 1995 grâce à l’inspiration du paysagiste Jacques Couturieux. Il a fallu sept années de conception, de recherche de financement et de travaux pour que le rêve devienne réalité. Pour cela il a fallu dompter une décharge qui fut précédemment une carrière pour faire naître à l’orée des majestueuses forets de sapins ce parc paysager qui ne comporte pas que des callunes.

Imaginez les massifs de rhododendrons fleurissant ici au printemps. Au 1er plan, l’églantier et ses baies oranges © Simone Morgenthaler

Les jardins s’étendent sur 4 hectares, répartis en zones paysagères variées :
– la pinède avec des pins sylvestres, des rhododendrons, des azalées de Chine et du Japon
– le jardin des bruyères constitués de milliers de bruyères disposées par taches de couleurs différentes
– le jardin des vivaces propose sur 3000 m2 des rotations de vivaces moyennes et hautes échelonnées de juin à octobre
– la tranchée fleurie propose sur 150 mètres de long un sentier d’écorces, bordé de petits conifères, de plantes de rocailles et d’arbustes à fleurs
– le plateau, qui est ombré par des bouleaux, est planté d’hortensias, de fougères, de cornouillers et de viornes
– le petit lac des montagnes est un délice de fraîcheur avec ses plantes aimant l’humidité des gunnera, des caltha et des plantes de tourbière
-la grande rocaille est ouvertes de rhododendrons nains, de sedum et de phlox qui font rayonner leur couleurs vives entres les roches

Entre les massifs de callunes, la prairie de montagne qui a souffert de l’été caniculaire, l’automne lui permettra de se régénérer © S. Morgenthaler

– les carrières, petits cirques de grès rose, rappellent la présence d’anciennes carrières avec des plantes vivaces de soleil, des thyms, des oeillets nains, des plantes aromatiques et des pivoines arbustives.

Pour découvrir le parc paysager et botanique, vous pourrez faire une pause quand il vous plaira, sur un banc ou sous le kiosque fraîchement créé et laisser votre regard voguer vers l’horizon moutonnant, vert et bleu.

Les hortensias, même lorsqu’ils ont souffert de la chaleur, impressionnent par leur bleu lumineux. © S.Morgenthaler

Les paysages sont harmonieux, ils évoluent d’une année à l’autre. Les plantations varient.

J’ai aimé retrouver ici les alchemilles, le calendula et le « désespoir du peintre » (en latin : Heuchera sanguinea).

Et je n’ai pas résisté à l’envie d’acheter des croscomia, (que Maman nommait « Montbretias ») car les miens n’ont pas résisté au froid de l’hiver.

Des manifestations se déroulent ici au fil de l’an, par exemple la fête des rhododendrons en mai, la fête des bruyères en septembre, et autres.

Le programme est à suivre sur la page Facebook et sur le site des Jardins de Callunes

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