La pipistrelle d’Annick

La pipistrelle, 3 cm et si mignonne © Banque nationale de photos en SVR

Annick L’Hôte, qui a partagé les bancs d’école avec moi au Centre Universitaire d’Enseignement du Journalisme de Strasbourg, et qui vit en Normandie, m’a envoyé un courriel dans lequel elle narrait son aventure avec une pipistrelle, la plus petite espèce de chauve-souris d’Europe, qui mesure environ 3 cm et ne pèse que 6 à 8 grammes.

Voilà ce qu’elle écrit :

Cette petite histoire bien ordinaire me laisse ce soir un petit vide existentiel. Un soir de février, il y a 2 semaines, je vois devant ma porte une petite forme noire sautillante que je prends tout d’abord pour un crapaud. Mais non, c’est une petite chauve souris qui manifestement ne parvient plus à voler. Je vérifie…
C’est bien cela, alors que son museau laisse une petite trace de sang sur le petit carton dans lequel je la pose délicatement. Je passe une partie de la soirée à appeler un des 2 spécialistes du département et à lire ce que le Musée de Bourges, spécialisé également, dit de ce petit animal de 4 grammes.

Au fil de mes contacts et des conseils que je reçois, j’achète des vers de farine pour la nourrir, je lui installe dans un gros carton des morceaux de tissu pour qu’elle puisse s’accrocher la tête en bas pour dormir.

La pipistrelle, ailes déployées, sur un gant de toilette rose : une petite silhouette noire, miniature de batman, telle qu’elle se présente au centre de soins de la faune sauvage © Annick L’Hôte

Elle reprend de la vigueur car au cours de deux matins, je l’ai longtemps cherchée dans la véranda, cachée qu’elle était à l’intérieur du pied de la table et agrippée à l’arrière d’une petite grille en plastique. Nous prenons cela pour un signe de vitalité. Didier et moi tentons donc le lendemain soir de la relâcher dans un coin tranquille du bord de la Loire où j’avais aperçu la veille 2 de ses congénères. Elle tente l’envol… Vainement ! Nous la remettons délicatement dans son carton et la ramenons à la maison.
Le lendemain, je parcours 50 kilomètres pour aller chez un jeune vétérinaire engagé pour la faune sauvage. A la radio, il constate une luxation du poignet ! Un mois de cageotherapie nécessaire…
J’ai repris contact avec le centre de soins de la faune sauvage et cet après-midi j’y ai amené ma petite pipistrelle. J’espère qu’elle s’y remettra.

Je m’étais habituée à cette présence silencieuse, à cette façon étrange de tourner sa petite tête, d’orienter ses grandes oreilles et surtout à son appétit de vers de farine qui grouillaient dans mon frigidaire dans l’attente de lui être servis en petits morceaux… Je la saluais chaque jour, chaque soir… Eh oui !
Ces petits chiroptères sont en très forte diminution comme les insectes dont ils se nourrissent.
Je vous embrasse et vous souhaite un bon week end,

                                                                                                                   Annick L’Hôte

Aux toutes dernières nouvelles, la pipistrelle d’Annick se porte bien. Elle est toujours au centre de soins de la faune sauvage et poursuit sa convalescence. C’est le soir qu’on lui donne à manger. Il faut être prudent et mettre des gants pour recueillir une chauve souris car elles peuvent être porteurs de la rage, précise Annick. Sur la photo jointe, vous voyez à quoi ressemble cette mini-batman (ou batwoman) : une petite tache sur un gant de toilette rose, telle qu’elle se présente au centre de soins de la faune sauvage.

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