D’grien Schatt, L’ombre verte – extrait

Couverture du livre: Lucille Uhlrich

Dès lors que l’alsacien fut proscrit des écoles, la francisation était en marche. Le génocide linguistique s’est opéré en douceur, avec des méthodes peu amènes. La langue fut dévitalisée, comme une dent dont on détruit la racine. Les enfants cessèrent de la parler. Les parents hésitaient : fallait-il encore la parler ? Entre adultes oui, le plaisir était trop grand de se lover dans ces mots infiniment doux ou extrêmement rudes qui relient au cordon ombilical. Mais avec les enfants, il valait mieux parler en français. Ils seront ainsi libérés, une bonne fois pour toutes, du complexe qui taraude les Alsaciens. Ceux qui maîtrisaient si parfaitement leur langue l’ont abandonnée, déboussolés qu’ils étaient à vouloir « sauver » leurs enfants de l’inintelligence, en leur transmettant un français souvent pauvre, approximatif, avec la volonté docile d’appliquer ce que des penseurs lointains, à des années lumière de notre sensibilité et de nos besoins, avaient élaboré dans un cabinet à Paris.

D’grien Schatt, L’ombre verte extrait

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