L’ abstention : une maladie contagieuse et peu civique

J’exprime ici mon étonnement devant la masse d’abstentionnistes.
En juin 2017, plus de la moitié des électeurs n’a pas pris la peine de voter lors du premier tour des législatives.
Plus précisément : 51,3% des 47,5 millions d’inscrits.

Ce manque de civisme, cette indifférence dépassent l’entendement. Dès lors que l’on appartient à une communauté, il me paraît essentiel d’adhérer à ses règles et de les respecter .

Pouvoir exprimer son avis est un avantage et non une punition. Le droit de vote m’apparait comme une chance pour la démocratie. Les générations ascendantes ont dû se battre pour obtenir le droit de vote. N’est-ce pas une chance de pouvoir donner son avis ? Les dictatures ne tendent pas cette perche-là.

Le suffrage universel pour les hommes a été conquis en 1799. Il a fallu attendre 1944 pour qu’en France le droit de vote soit accordé aux femmes ! C’était presque hier que l’on considérait encore en ce pays qu’une femme était faite pour enfanter et tenir le foyer mais que, hors de cela, elle n’avait pas voix au chapitre.

Ce droit d’exprimer son avis n’est plus considéré, pire il est bafoué.

Pourquoi la moitié des électeurs est-elle entrée dans cette indifférence ? Par rejet du système, par lassitude, pour sanctionner, par paresse, par indifférence ?

Cette forte dose d’abstentionnisme relativise aussi les résultats. Ainsi le mot « raz de marée » utilisé pour les résultats d’Emmanuel Macron se pense différemment lorsqu’on sait que sur la masse d’électeurs seuls 15,7 % ont voté en sa faveur. Les autres 84,3 % pensent-ils à lui avec « défaveur »?

Comment accueillir les résultats officiels de 32,3 % en faveur d’Emmanuel Macron si seuls 22,7 millions d’électeurs (moins de la moitié) se sont exprimés dimanche. Les résultats de l’alliance LREM-Modem à l' »issue du premier tour des législatives apparaît moins comme un raz-de-marée si l’on considère qu’elle ne totalise que 15,7% des voix.

Comment réagiront dans les mois à venir, lorsque des difficultés interviendront, les 84,3 % qui ne sont pas en faveur de l’alliance LREM-Modem ?

Cette masse rongera t’elle son frein ? Ravalera t’elle sa colère et sa frustration ?

Se taire lorsque l’on peut s’exprimer m’apparait comme une vaste gâchis.

Et comment vouloir ensuite avoir voix au chapitre et râler si l’on ne s’est pas acquitté de cet acte élémentaire ?

Les votes sont obligatoires dans certains pays : l’absence de participation y est passible de sanctions. 22 pays ont des lois qui rendent le vote obligatoire, mais tous n’appliquent pas des sanctions même quand ces sanctions (qui sont généralement des amendes) sont inscrites dans la loi.

En Belgique, le vote est obligatoire en Belgique depuis 1893. Cette mesure avait pour but de rendre le vote de tous possible, sans pression, des riches comme des pauvres, surtout de la classe la plus démunie.

Un électeur qui ne se rend pas aux urnes peut se voir infliger une amende de 25 à 50 €, et jusqu’à 125 € en cas de récidive.

Au Luxembourg, réputé comme pays démocratique et respectueux de ses citoyens, les sanctions en cas d’abstention sont plus sévères :

de 100 à 250 € pour une première abstention non justifiée,
de 500 à 1000 € en cas de récidive dans les 5 ans suivant la première faute.

La France  finira-t’elle par avoir recours à cette méthode pour arrêter l’hémorragie des voix qui ne s’expriment pas ?

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