« Passez muscade », une dramatique radio

J’ ai écrit une dramatique enregistrée par France Culture en 1987 qui s’appelle « Passez muscade ». Elle fait vivre une histoire tendre entre un grand-père et sa petite fille le soir de Noël.

Lorsque je connus les dates d’enregistrement, je me rendis sur place, dans les studios de France Culture situé dans la « maison ronde », vaste paquebot de l’avenue du Président Kennedy à Paris. Marguerite Gateau vint me faire un coucou dans le studio : d’abord animatrice à FIP Strasbourg, elle avait réussi un difficile concours de réalisateur et travaillait dès lors à France Culture. J’eus aussi la visite de Jacques Taroni, réalisateur à Radio Alsace, qui me poussa à faire de la radio, et qui devint dans les années 80 réalisateur à France Culture.

J’étais curieuse de voir comment travaillaient les techniciens et les comédiens. Ce fut émotion d’entendre mes dialogues dits par des comédiens. Jean Topart de la Comédie Française jouait le rôle du narrateur, Antoine Bierry celui du grand-père et Pascale Caemerbeke celui de la petite fille. J’entendais ce texte et il me semblait parfois qu’il n’était pas de moi. Et pourtant rien n’y était changé.

Je fis la connaissance de Patrick Martinache et je vis pour la première fois un bruiteur à l’œuvre. Il était venu avec une petite mallette dans laquelle il avait des accessoires très simples, qui lui permettaient d’imiter aussi bien le bruit étouffé des pas dans la neige que le son des chauve-souris frôlant leurs ailes dans la faille d’un rocher.

Eléonore Kramer assurait la réalisation de cette dramatique et je me souviens que la prise de son était faite par Madeleine Sola, si patiente, si professionnelle, qui, même après 7 heures de concentration, gardait une oreille étonnamment vigilante.

L’émission fut diffusée peu avant Noël, le 20 décembre 1987. Je reçus dans la foulée un appel du journaliste Robert Werner. Il se trouvait au fin fond de la Bretagne en reportage pour TF1 et l’écoute de cette dramatique l’avait transposé pendant 50 minutes dans l’atmosphère de Noël et des hivers alsaciens. « Passez muscade ! », a-t-il dit. C’est la phrase que se dit, en silence, le magicien lorsque son tour a réussi.

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