Le brouillard se dissipe au-dessus de mon village

Le jour s’est levé sous le brouillard.

Que comprendre aux phénomènes atmosphériques ? Soudain la mer de coton s’est dissipée et, roulée en gros andain, s’est élevée au-dessus du village comme si elle voulait fuir le soleil venu la réchauffer.

Sans le flou infligé par le brouillard, le village a montré son habit de d’automne : la forêt se pare de jaune et de rouge.

Comme si soudain la mer de coton s’élevait au-dessus du village © S. Morgenthaler

L’image ne dit pas le parfum des feuilles qui se décomposent, ni le son étouffé du pas lent des vaches qui arpentent le prés. Elles passent encore la nuit dehors. Les cheminées fument mais il ne fait pas encore assez froid pour les rentrer à l’étable.

Les glaneurs s’attardent sous les noyers.

En forêt, le passant foulent les feuilles sous les châtaigniers.

J’aime me positionner sous le châtaignier à l’automne. J’aime écraser du talon les bogues tombées, par des mouvements de rotation, et voir la saynète que contiennent les bogues : des châtaignes luisantes sont serrées les unes aux autres comme une nichée de chiots. L’écrin qui les entoure, piquant à l’extérieur, est velouté et feutré à l’intérieur.

Le ciel, d’un bleu limpide, trompe son monde. Il voudrait nous faire croire que l’été est encore là. Mais personne n’est dupe. L’églantier est d’un rouge vif qui atteste de sa maturité et le jour tombe vite depuis que nous avons passé à l’heure d’hiver.

L’automne, sans en donner l’air, se dirige vers l’hiver.

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